En Europe, au cours de l’histoire, la formation architecturale s’est consolidée autour de l’enseignement du projet compris comme exercice de conception, et de l’architecte comme maître-concepteur. Cependant, dans les programmes didactiques contemporains, de nombreuses expériences pédagogiques proposent un apprentissage alternatif du projet, par le « faire », par l’expérience concrète de la construction.
Derrière ces pratiques pédagogiques, on retrouve une pluralité de motivations, d’intentions, d’acteurs porteurs et de participants. Certains visent à enrichir et améliorer la formation des architectes, d’autres à faciliter la prise de conscience face aux émergences environnementales, par la découverte des matériaux de construction. D’autres suivent la volonté d’accroître l’engagement par rapport au contexte sociétal, par rapport au monde du travail.
Dans l’enseignement, la place accordée à la construction varie. Il s’agit d’un exercice ponctuel ou d’une pratique pédagogique consolidée, parfois elle constitue le centre d’un véritable modèle pédagogique. Apprendre en construisant permet d’apprendre sur le terrain pour savoir comment faire dans la réalité, d’apprendre sur le moment pour faire avec ou d’apprendre à faire sans pour faire autrement (Rollot et Atelier Georges, 2018).
En outre, ces activités se déroulent dans et hors les murs facultaires et investissent d’autres lieux, tissant de nouvelles relations avec les autres acteurs du bâtir. Ces pratiques pédagogiques offrent donc un panorama varié et fragmenté, à la fois spatialement, à la fois idéologiquement. Aujourd’hui, face à leur succès et à leur progressive intégration dans les programmes institutionnels, la question de la place et du sens de ces pratiques se pose.
Apprendre l’architecture en construisant, pourquoi et pour qui ?
À l’aide de terrains d’enquête, cette recherche ambitionne donc à :
1) contextualiser ces pratiques à la lumière de l’histoire de la pédagogie architecturale pour en identifier le cadre référentiel ainsi que les filiations avec les expériences passées ou d’autres disciplines ;
2) interroger la nature de ces activités, les valeurs et les motivations qui en accompagnent la mise en place, au-delà de la simple description ;
3) questionner le positionnement de leurs porteurs et porteuses ainsi que des participant. e. s par rapport à la pédagogie architecturale contemporaine et au contexte socio-économique contemporain. Ces pratiques traduisent-elles une volonté de renouveau et de réengagement de la formation architecturale ? Visent-elles à un impact plus large, à l’échelle professionnelle et/ou sociétale?