L’anthropologie s’intéresse aux liens entre individus et objets, c’est-à-dire à la façon dont les uns s’attachent aux autres, bien au-delà de leur fonctionnalité. Cette question est au cœur de mes enquêtes de terrain depuis deux décennies, durant lesquelles j’ai réfléchi à partir d’un point de vue interdisciplinaire à la polysémie des attachements et à la pluralité des modes d’appropriation des choses par les acteurs sociaux. La production de valeurs individuelles et collectives, entre mémoires intimes et musée, est centrale pour l’anthropologie et pour l’ensemble des sciences sociales. Au cours de ce cheminement, la question patrimoniale est apparue comme une forme de réciprocité des attachements (attachement aux choses, attachement par les choses), car les héritiers d’objets de mémoire se retrouvent parfois empêtrés par un ensemble de choses encombrantes. En revenant sur mon parcours de recherche, il s’agira de montrer que ce questionnement nous permet d’élargir nos perspectives à des problématiques majeures de nos sociétés contemporaines, concernant la surproduction, la consommation et la question des déchets.
Thierry Bonnot est anthropologue, chargé de recherche au CNRS, membre de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les Enjeux Sociaux (IRIS, campus Condorcet, Aubervilliers). Ses recherches portent essentiellement sur le statut social des objets, leurs modes d’appropriation et la constitution des patrimoines. Il a soutenu en mars 2023 à l’université de Nanterre une habilitation à diriger les recherches (HDR) intitulée Converser avec les objets et les choses. Héritages, encombres et décombres. Il est l’auteur de La vie des objets (MSH/Mission du Patrimoine Ethnologique, 2002) et de L’attachement aux choses (éditions du CNRS, 2014).
La conférence publique se tiendra le lundi 20/03/2024 à 8h à l’auditoire Victor Bourgeois sur le site Flagey de la Faculté d’architecture de l’ULB.