Dans la constellation de dispositifs de médiation composant le monde de l’architecture, les prix d’excellence figurent certainement parmi les plus normatifs. En effet, quoi de plus normatif que cette instance dont l’entièreté des actions s’avère orientée vers cet objectif unique : « désigner et récompenser la ou les meilleures œuvres parmi plusieurs » ? De fait, si les revues ou les expositions représentent également de riches situations de proposition, de représentation et d’évaluation de l’architecture, seuls les prix demeurent aussi redoutablement soumis à une exigence de clarification et d’explicitation des valeurs au cœur de ces situations. Ce faisant, les prix peuvent être compris comme des dispositifs particulièrement performatifs. Non seulement participent-ils à la détermination des œuvres architecturale, en tant que moment où un édifice acquiert un tel statut, mais ils correspondent surtout à un moment où ces œuvres sont qualifiées de « bonnes » et même de « meilleures » que d’autres.
Mais qu’advient-il dès lors que ce dispositif connaît une « crise » ? Comment se construit l’univers axiologique de la discipline architecturale lorsqu’une de ses instances rencontre des difficultés et fait face à une épreuve ? Où se situe – où se déplace – la double fonction normative et performative du prix lorsque celui se trouve en situation que d’aucuns qualifieraient d’échec ? Ce sont ces questions que nous nous proposerons d’aborder à partir d’un cas singulier : la nonattribution du prix d’architecture Robert Maskens 1978.