Les configurations de lieux de soin suite aux renouvellements des débats sur l’institution psychiatrique, à partir des années 60, ont rejoué une question à la fois cruciale et inhérente à l’institution : celle de sa réalisation collective au moyen de fonctionnements communautaires, qui puissent tenir compte des aspirations véhiculées dans la pratique quotidienne tant par des soignants que par des patients.
Un demi-siècle plus tard, cette hypothèse n’a pas perdu de son actualité au sein de ces institutions et connaît un regain d’intérêt dans le champ de la recherche. Ce n’est qu’à l’épreuve du temps que cette question a pu se vérifier, se nuancer, se remplir de réalité en montrant ses apports et ses limites.
Ce projet de recherche reprend cette question par le prisme du lieu de soin – c’est-à-dire du bâtiment, de ses aménagements intérieurs et de ses rapports vécus et concrets avec d’autres lieux urbains – pour mieux comprendre l’architecture en proie aux ambitions alternatives à l’hospitalisation et au cloisonnement institutionnel, et pour interroger les situations micro-politiques qui s’y jouent.
Au départ d’une étude monographique minutieuse sur la transition d’un hôpital de jour, depuis ses aménagements successifs dans une maison de ville usagée vers l’emménagement dans une nouvelle réalisation architecturale, il s’agit de suivre autant les questionnements des acteurs que leurs manières d’y répondre, pour ensuite déployer ces thématiques situées dans l’étude plus variée d’autres lieux qui y ont été associés, et reconsidérer les revendications historiques à l’origine de ces questionnements au regard de cette actualité.
Au moyen d’une perspective ethnographique multi-sites de lieux, de leurs usages et de leurs évolutions, ce projet vise aussi à ramener au langage architectural une version du lieu qui ne peut exister sans ces manières d’habiter, ces situations micro-politiques, leurs écueils et leurs potentiels.